23 juillet 2009

Pourquoi la CRE a-t-elle raison face à Voltalis

L'affaire, au départ tout à fait technique, fait aujourd'hui la une des journaux : la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) a demandé à Voltalis, une entreprise qui permet aux particuliers de faire des économies d'électricité, de compenser aux producteurs d'électricité ladite réduction de consommation. Présenté comme cela dans la presse, cette nouvelle m'a fait bondir. A quoi bon énoncer de grands principes de maîtrise de la demande en énergie lors du Grenelle si c'est pour qu'une autorité administrative indépendante vienne ainsi taxer la vertu au profit du vice ! Et pourtant, en y regardant de plus près, je me suis rendu compte que ce dossier était complètement contre-intuitif et que c'est finalement la CRE qui avait raison face à Voltalis.

Commençons par resituer un peu le contexte. Voltalis propose à des particuliers d'installer chez eux un boîtier commandé par Internet qui permet de couper le chauffage électrique ou le chauffage de l'eau (ou d'autres appareils) pendant des périodes de tension sur le marché électrique, c'est-à-dire quand l'offre devient légèrement inférieure à la demande. Ce faisant, le particulier qui a un boîtier Voltalis consomme moins d'électricité (10% en moyenne nous dit-on). Mais l'intérêt de l'offre de Voltalis n'est en réalité pas pour le client mais pour le gestionnaire du réseau électrique RTE. En effet, étant soumis à des tarifs réglementés, le consommateur particulier paye tous les jours l'électricité au même prix, quelque soit la tension du marché électrique : il n'a donc aucune raison de préferer couper son chauffage électrique aujourd'hui plutôt que demain. La réduction de consommation que lui permet Voltalis, il pourrait en fait l'obtenir tout seul, en coupant automatiquement tous les jours son chauffage électrique ou le chauffage de son eau chaude sanitaire (cela ne doit pas être trop compliqué à installer).

En revanche, comme je le disais, RTE est très intéressée par ce type d'offre. Pour bien le comprendre, il faut expliquer comment fonctionne le marché électrique. Pour simplifier nous dirons que deux entreprises se partagent le marché de la distribution d'électricité : EDF et POWEO. A J-1, ces deux entreprises font une prévision de la consommation de leurs clients et s'arrangent pour produire ou pour acheter sur le marché de gros la quantité nécessaire d'électricité. Puis le jour J, RTE est chargé d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande, ce qui n'est jamais assuré car il y a toujours des erreurs de prévisions de la part de EDF ou de POWEO. En cas de sous-production, RTE doit donc trouver d'urgence des moyens de rétablir l'équilibre. Trois possibilités s'offrent à lui, soit il fait appel à des centrales (à gaz ou à fioul) qui augmentent leur production, soit il fait appel à l'effacement de gros clients industriels, soit il fait appel à des sociétés comme Voltalis pour pratiquer ce qu'on appelle l'effacement diffus de consommateurs particulier. RTE organise une sorte d'enchère, selectionne le moins cher et fait payer ce prix à EDF et à POWEO en fonction de leurs erreurs de prévisions de consommation ou de leur sous-production.

Imaginons le cas limite suivant pour bien comprendre la décision de la CRE : POWEO prévoit une consommation de 100, EDF également et Voltalis a la capacité d'effacer une consommations de 100 chez des particuliers qui se trouvent tous être des clients EDF. En réalité, POWEO s'est trompé car ses clients demandent 200 le jour J. On a donc 200 du côté de la production (100 pour EDF et 100 pour POWEO) et 300 du côté de la consommation (200 POWEO et 100 EDF). Pour rétablir l'équilibre, RTE sélectionne l'offre de Voltalis qui efface toute la consommation des clients EDF. On a donc désormais 200 du côté de la production (toujours 100 pour EDF et pour POWEO) et 200 du côté de la consommation (200 pour POWEO et 0 pour EDF). RTE fait payer le prix de l'offre à POWEO qui s'est trompé et tout le monde est quitte ! Le problème, c'est qu'EDF n'est pas du tout d'accord car il est contraint à maintenir sa production à 100 pour assurer l'équilibre (ce qui lui génère des coûts) mais qu'il n'a plus aucun revenu puisque tous ses clients ont été effacés !

C'est pour remédier à cette situation que la CRE demande, dans un tel cas de figure, à Voltalis de compenser l'effacement à EDF. Cette "taxe" doit donc être inclue dans l'offre de Voltalis à RTE qui la refacturera ensuite à POWEO : la logique et la morale sont donc sauves ! Voltalis reconnaît que POWEO doit bien compenser EDF pour son erreur, mais il proposait que cette compensation se fasse après, directement entre POWEO et EDF sans que Voltalis ne rentre dans le circuit. Au premier abord on se dit que cela revient à peu près au même : pour EDF, Voltalis et RTE en tous cas. Mais pas pour POWEO cette fois !

En effet, imaginons que RTE se retrouve face à deux offres pour rétablir l'équilibre : une de Voltalis pour un montant de 75 (sans taxe à EDF à ce stade) mais qui implique une compensation de POWEO à EDF de 50 et une offre d'une centrale à gaz qui se propose d'augmenter sa production pour un montant de 100. RTE choisit l'offre la moins chère, celle de Voltalis et dit à POWEO : vous me devez 75 et par ailleurs vous devez compenser 50 à EDF. A ce moment, POWEO est en droit de répondre : vous devez par principe choisir l'offre la moins chère, or il m'en coûte au final 125 alors que l'offre de la centrale à gaz était à 100. On comprend bien dès lors que les deux mécanismes (compensation d'EDF ex ante ou ex post) ne sont pas équivalents car ils peuvent modifier la place de l'offre de Voltalis dans les enchères de RTE.

Dans les faits, il est toutefois difficile d'imaginer comment l'offre de Voltalis pourrait être moins compétitive que l'offre d'une centrale à gaz, même en tenant compte de la compensation à EDF. En effet, l'électricité effacée est presque toujours moins chère qu'une quantité équivalente d'électricité de pointe produite par la centrale à gaz. La taxe évite donc que Voltalis se fasse une marge colossale. Mais imaginons que l'offre de Voltalis soit parfois plus chère que celle d'une centrale à gaz. RTE ne devrait-il pas, au nom de l'efficacité énergétique choisir tout de même l'offre de Voltalis ? La réponse est non, car ce n'est pas à RTE de définir la politique énergétique de la France ! Cet organisme doit choisir l'offre la moins chère, si l'on souhaite à tout prix renchérir l'offre de la centrale à gaz, alors il faut mettre en place une taxe sur les émissions de CO2, mais de grace, ne confondons pas les problèmes et ne confondons pas les rôles.

Reste une question, qui permet peut-être de régler ce dilemme : comment rendre l'offre de Voltalis attractive pour les consommateurs (ce qu'elle n'est pas aujourd'hui au-delà de la bonne conscience qu'apporte l'idée d'éviter des émissions de CO2) ? La solution c'est de passer aux prix de marché de l'électricité, au moins pendant les périodes de pointes. Il faut en effet faire sentir au consommateur quand l'électricité coûte cher à produire, ce que ne fait pas un tarif régulé. Dès lors le boitier Voltalis permettrait de diminuer la consommation d'électricité d'un ménage au moment où cette électricité coûte cher. Dans ce cadre, où Voltalis n'interviendrait plus directement avec RTE mais avec les particuliers, EDF ou POWEO ne seraient plus légitimes à exiger la moindre compensation, à eux d'essayer d'estimer correctement le profil de consommation d'un de leur client qui possède un boitier Voltalis.

Quoi qu'il en soit, la décision de la CRE, contrairement aux apparences est pleine de bon sens. Le battage médiatique orchestré par Voltalis illustre parfaitement le manque total de fiabilité de la presse généraliste dès lors que les sujets deviennent un tant soi peu techniques.

18 commentaires:

Vincent T. a dit…

Pour avoir vu comment ça marchait dans le gaz, je comprends assez bien l'exemple 1, pas du tout l'exemple 2.

Comment Voltalis est rémunéré par la CRE ? S'agit-il d'un service ou est-ce une "production" obtenue en diminuant la demande ? Si c'est juste un service, je ne comprends pas l'aporie du raisonnement 2 (il coûte à Powéo un service de 75 pour sous-prévision, et 50 pour sous-production). D'ailleurs je ne comprends pas non plus comment le choix peut se porter entre 75 et 100, le réseau devant être équilibré.

Dans le gaz, on équilibre le réseau tous les jours, et on fait payer les producteurs tous les mois. Basiquement, ils font une prévision, ils acheminent le gaz (de l'étranger ou en partant des stockages) et GRT (équivalent de RTE) redirige les flux. Comme pour RTE, la France est subdivisée en zone, et l'équilibre doit avoir lieu sur chaque zone (le gaz ne se transporte pas instantanément, l'électricité disparaît si on la transporte trop). Que se passe-t-il si un distributeur se plante dans sa prévision ? Si c'est une petite erreur, GRT a des stocks de gaz pour amortir le coup. Et on part du principe que les erreurs se compensent. Si c'est hors-tolérance (il s'est vraiment planté) GRT se porte client à sa place, achète du gaz sur le marché "spot", et le facture avec majoration au distributeur (50 ou 100% selon la gravité de l'erreur).
Par ailleurs, les compensations entre distributeurs ont également lieu, toujours par l'intermédiaire de GRT (sur- ou sous-facturation, accumulé sur le mois).
A noter que cette politique est validée par la CRE.

Transposé à l'électricité, appelons Voltalis le "marché spot", qui permet de s'approvisionner en baisse de demande, facturons ce "service" au distributeur qui s'est planté, et compensons a posteriori les productions (pas dur). Je ne vois pas vraiment le soucis...

Anonyme a dit…

pourriez vous expliciter le paragraphe 6?
Pourquoi Voltalis ne pourrait il pas tout simplement augmenter ses tarifs lorsqu'il les présente à RTE en incluant la marge qui lui permet d'assurer ses rémunérations ainsi que le prix de l'énergie fournie par EDF?
Car si j'ai bien compris le système, Voltalis fait son CA en facturant à RTE de l'énergie qui est produite par EDF.

Laurent GUERBY a dit…

"La solution c'est de passer aux prix de marché de l'électricité, au moins pendant les périodes de pointes. Il faut en effet faire sentir au consommateur quand l'électricité coûte cher à produire, ce que ne fait pas un tarif régulé."

Un tarif régulé "constant", il y a d'autres formes de tarifs régulés sans recourrir au "prix de marché" tels qu'actuellement régulé (oui c'est aussi totalement régulé le soit-disant "prix de marché" de l'électricité :).

Et sur la solution choisie il me semble que voltalis connait le producteur de chacun de ses clients et peut donc orienter les coupures suivant les désirs de RTE (qui a l'information sur la production defaillante) et laisser RTE transmettre les factures correspondantes aux producteurs, ce qui est bien plus simple et efficace qu'une taxe de plus au niveau des consommateurs qui sera probablement gérée en totale opacité.

Non ?

Vive la République ! a dit…

@Vincent,

Voltalis est remunere par RTE (et non la CRE) au nom d'une production negative. Dans l'exemple que je prend, POWEO a juste fait une erreur de prevision pas une sous-production (il continue de produire 100).

En ce qui concerne le choix de RTE entre l'offre a 75 et l'offre a 100, il s'agit d'euros et pas de kWh : je pars du principe que les deux offres fournissent la meme quantite d'electricite, celle necessaire pour retablir l'equilibre offre/demande.

Comme je le dis dans l'article, la compensation entre producteurs ex-post pourrait conduire RTE a choisir l'offre Voltalis pour retablir l'equilibre alors qu'elle n'etait pas en realite la moins chere. Dans les faits une fois de plus, l'offre de Voltalis est structurellement competitive puisqu'elle s'appuie sur le fait que ses clients acceptent gratuitement de s'effacer.

Imaginons que la compensation proposee par RTE n'existe pas. Dans ce cas, le cout de l'offre Voltalis est a peu pres nul (mis a part l'installation des boitiers) mais il connait le cout de prodution d'une centrale a gaz de pointe, disons 100. Il peut alors proposer une offre a 90 et se faire presque 90 de marge ! La compensation diminue cette marge indue.

Vive la République ! a dit…

@Anonyme,

C'est exactement ce que propose la CRE. Dans les faits, Voltalis devra payer une compensation a EDF, il en incluera le cout dans le prix de son offre a RTE et RTE la refacturera a POWEO. C'est donc bien POWEO qui paye la taxe en fin de compte.

Voltalis fait son chiffre d'affaire en facturant une consommation negative (ce qui revient au meme qu'une production positive). Cela me fait penser que j'ai commis un lapsus dans ma reponse a Vincent en parlant de "production negative" au lieu de "consommation negative".

Vive la République ! a dit…

@Laurent,

Le probleme d'un tarif meme module en fonction des heures de pointes, c'est qu'il est stable et ne prend donc pas en compte le cout reel instantanne de production de l'electricite.

Bien entendu, introduire cette modulation dans les tarifs (un peu comme heures pleines/heures creuses) permettrait de baisser la consommation de pointe et donc de diminuer les emissions de CO2, ce qui serait une excellente chose. Mais cela ne repond pas au probleme pose ici de l'equilibre offre/demande a tout moment.

Je ne sais pas si Voltalis sait que ses clients sont chez EDF ou POWEO, mais effacer prioriairement des clients POWEO me semble assez complexe et surtout pas efficace. Si un particulier peu etre efface, peu importe qu'il soit chez EDF ou POWEO du point de vue de l'equilibrage du reseau.

Vincent T. a dit…

Donc pour reprendre ce qui se fait dans le gaz : les producteurs produisent, les consommateurs consomment, les distributeurs distribuent. Voltalis n'agit ni en qualité de producteur, ni de distributeur, ni de consommateur : il fournit un service, celui de pouvoir moduler la consommation. On peut facturer ce service, mais si on suppose qu'il a "produit" une consommation négative, les ennuis commencent (la somme des productions n'est plus égale à la somme des consommations).

Dans le gaz, ça marche plutôt bien : les distributeurs qui se plantent dans leurs prévisions paient plus que ce que coûte réellement l'écart, le surplus permettant de payer le "service" qui consiste à pallier à l'écart. RTE pourrait faire de même : elle utilise Voltalis comme prestataire de service (et pas comme producteur) en cas d'écart important de prévision, et refacture cette prestation au distributeur concerné. On peut avoir un appel d'offre encadré par la CRE chaque année pour ce service...

Vive la République ! a dit…

@Vincent,

Précisément le problème avec Voltalis c'est qu'il se définit lui-même comme un producteur de consommation négative et qu'il participe aux mêmes enchères que les centrales à gaz organisées par RTE. En revanche j'ai du mal à voir pourquoi tu dis que la somme des productions n'est plus égale à la somme des consommations. Dans mon exemple on a bien 200 de production (100 EDF et 100 POWEO) et 200 de consommation (300 de conso normale et 100 de conso négative Voltalis).

Il y a deux principes sur lesquels s'appuient la CRE. Le premier c'est que toute électricité produite doit être rémunérée, et donc que dans mon exemple EDF doit de toute façon être compensé pour sa production. Tout le monde, y compris Voltalis est d'accord là-dessus. Le deuxième principe, c'est que dans la recherche d'équilibre offre/demande, RTE doit choisir les solutions qui coûtent les moins chères, ce qui revient, dans mon exemple à minimiser le surcoût payé par POWEO. En effet, il ne s'agit pas pour RTE de punir des électriciens qui auraient mal fait leur travail mais de trouver une clé de répartition (les erreurs de prévisions) pour payer le coût d'un ajustement permanent offre/demande qui sera de toute façon nécessaire, quelque soit la qualité des prévisions des électriciens. Au final il ne s'agit pas d'être gentil avec POWEO mais de contribuer à ce que l'électricité soit la moins chère possible pour le consommateur (c'est toujours lui qui paye à la fin). L'application directe de ce second principe conduit logiquement la CRE à demander que la compensation à EDF se fasse ex ante, c'est-à-dire que Voltalis l'intègre dans son offre et non ex-post (compensation directe de POWEO à EDF).

Le président de Voltalis dit que cette "taxe" rendra l'offre de Voltalis trop chère pour concourir aux enchères de RTE. J'avoue ne pas comprendre pourquoi. On ne lui demandera certainement de compenser uniquement le coût variable de l'électricité qu'il efface alors que les centrales à gaz spécialisées dans la pointe proposeront un prix supérieur à leur coût complet. Quand bien même ils proposeraient leur coût variable, celui-ci serait supérieur à un coût variable conventionnel (les moyens de pointes sont par définition les plus chers).

Bien entendu, Voltalis à d'autres coût dus à leurs frais de structure et au coût des boitiers, mais cela ne doit pas être très significatif. Surtout, Voltalis ne rémunère pas ses clients pour leur couper une partie de leur électricité. Donc le débat ex-ante/ex-post, qui ne change rien pour le consommateur final est juste utilisé par Voltalis pour se faire des marges énormes.

Petite application numérique : les coûts propres à Voltalis (boitiers...) valent 5, la compensation du cout variable de l'électricité effacée vaut 20 et le coût de la centrale à gaz de pointe vaut 30. Voltalis sait que la centrale à gaz ne proposera pas moins de 30 pour son offre, il peut donc proposer lui-même 30 et être sûr de remporter le marché. Dans ce cas, en cas de compensation ex-post, Voltalis se fait 25 de marge (30-5) alors qu'en cas de compensation ex-ante, il se fait seulement 5 de marge (30-20-5) !

Vive la République ! a dit…

Allons plus loin dans le débat en essayant d'être constructif. La CRE de son côté et le ministère de Borloo de l'autre demandent tous les deux que des solutions soient trouvées pour favoriser l'effacement diffus et réussir à l'intégrer dans un marché libéralisé, ce avec quoi je suis parfaitement d'accord. Voici plusieurs pistes, je serais heureux qu'elles soient discutées et que d'autres soient proposées dans les commentaires.

1. On applique la décision de la CRE en demandant à Voltalis de compenser le coût variable de l'électricité qu'il efface, ce qui ne remettra pas en cause sa compétitivité mais réduire sérieusement ses marges. Le mécanisme proposé à l'avantage d'être simple et de s'accorder parfaitement avec le marché de l'électricité tel qu'il existe aujourd'hui.

2. On considère la prestation de Voltalis comme un service (comme le propose Vincent) et on demande donc à RTE de contractualiser avec Voltalis sur la base d'un forfait qui reflète les coûts réels d'effacement et assure une marge suffisante à Voltalis (et à tous ceux qui veulent faire pareil). Dans ce cadre, Voltalis ne participe plus aux enchères de RTE bien évidemment et l'effacement est décidé par RTE quand il en a besoin.

3. Variante de la proposition précédente : si on décide de s'éloigner de la libéralisation et de centraliser un peu le système, on demande à RTE d'installer ses propres boitiers chez tous les consommateurs (il faudrait que ce soit RTE et pas EDF) et se réserve le droit, en cas de tension, de procéder à des effacements diffus chez tous les consommateurs. Cette contrainte imposée aux consommateurs pourrait être justifiée comme la contrepartie de bénéficier de tarifs régulés.

4. A l'inverse de la solution précédente, on libéralise le prix de l'électricité, notamment en période de pointe et on laisse Voltalis traiter directement avec les particuliers et non plus avec RTE. Dans ce cadre, Voltalis tirerait son chiffre d'affaire de la location de ses boitiers, dont le montant serait inférieur à ce que pourrait économiser le consommateur en s'effaçant au moment où l'électricité est la plus chère.

Bref, les solutions ne manquent pas, elles sont certainement imparfaites, mais en tous cas bien meilleures que ce que propose Voltalis !

Laurent GUERBY a dit…

"mais effacer prioriairement des clients POWEO me semble assez complexe et surtout pas efficace."

Complexe ?

Voltalis envoie ses negaWatt par producteur a RTE et RTE dit a Voltalis exactement quoi couper dans le cadre du marché spot et envoie les factures.

Pas de paperasse, aucune complexité particuliere.

Et par l'absurde si cette clé temps reel n'existe pas alors RTE n'aura absolument aucune possibilité de distribuer correctement la taxe sur Volatilis aux producteurs - j'enfonce les portes ouvertes ...

Bref, il me semble qu'on cherche juste a tuer Voltalis c'est a dire favoriser la production donc les producteurs (et le PIB) et eviter tout "negawatt".

Anonyme a dit…

Il faut rappeler que le prix de l'électricité de pointe est sensiblement plus élevé que le prix de la production de base.

Vous mélangez des Watt et des Euros...

Dans votre exemple, Poweo payerait pour 100Watts de production de base à EDF (consommée et donc payée par ses clients) plus les 25 d'effacement de Voltalis. Au lieu de payer pour 100 Watts en production de pointe.

Il faut également prendre en compte l'intérêt général: vaut-il mieux consommer et payer 300 Watts en payant une prime (financière et écologique) sur les 100 Watts de pointe ou consommer 200 Watts et payer Voltalis vos 25 pour l'effacement?

Vive la République ! a dit…

@Laurent,

La complexité n'est peut-être pas aussi grande que je l'envisageais, mais reste l'inefficacité. Je maintiens que l'effacement diffus est fondamentalement rentable car les particuliers acceptent de s'effacer gratuitement. Donc, quitte à faire une offre à RTE pour rétablir l'équilibre, autant effacer le plus de personnes possible et ne pas commencer à trier les EDF et les POWEO.

Toutefois, votre commentaire m'amène à ajouter une cinquième option (cf. les 4 que j'ai déjà mentionnées dans un commentaire précédent) : Voltalis, au lieu de contractualiser avec RTE ou avec les particuliers pourrait directement aller voir les producteurs d'électricité en leur proposant un service. Ce service consisterait à effacer des clients dudit producteur en cas d'erreur de prévision afin de lui éviter de payer trop cher pour l'équilibrage du réseau que RTE lui facturera. POWEO et EDF (désolé d'oublier GDF Suez à chaque fois) pourrait même proposer eux-mêmes ce service à leurs clients (la technologie Voltalis ne doit pas être si complexe que cela).

Je maintiens toutefois que cette solution serait sous-optimale car elle diminuerait l'effacement diffus par rapport à ce que propose la CRE. En effet, seuls les clients POWEO dans mon exemple participeraient à l'effacement alors qu'il y aurait un gisement également chez les clients EDF.

En ce qui concerne votre dernière phrase, je crois que vous vous tromper. La CRE n'a d'autres missions que de réguler un marché électrique en voie de libéralisation et n'est pas motivée par une quelconque défense des producteurs historiques. Cessons de voir des mini-complots un peu partout.

Vive la République ! a dit…
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Vive la République ! a dit…

@Anonyme,

Je pense que c'est vous qui confondez Watts et Euros, en tous cas j'ai beaucoup de mal à vous suivre dans votre raisonnemment.

Je reprends : EDF fournit 100W (en fait c'est plutôt une quantité d'énergie qu'une puissance, mais ça ne change pas grand chose au problème) pendant un certain temps sans être payé par ses clients car ils ont été effacés par Voltalis. Je postule que cela représente un coût variable de 20. Voltalis doit payer ces 20 à EDF et ajouter ses coûts propres dont je dis qu'ils valent 5, ce qui m'amène à 25 EUROS. C'est cette somme que je compare à l'offre de la centrale à gaz qui propose au minimum 30 EUROS pour les mêmes 100 W.

Pour rebondir sur votre dernière phrase, je suis également d'avis que consommer moins c'est mieux que produire plus pour rétablir l'équilibre. Mais il ne faut pas confondre les rôles, ce n'est pas à RTE de se substituer à Jean-Louis Borloo. Si on veut renforcer la compétitivité de l'effacement, on peut mettre en place une taxe assise sur les émissions de CO2 et la quantité d'énergie consommée (ce que propose Rocard), ou alors passer une loi disant à RTE de choisir systématiquement les effacements quand ils sont disponibles (mais attention aux rentes dans ce cas).

Laurent GUERBY a dit…

"Donc, quitte à faire une offre à RTE pour rétablir l'équilibre, autant effacer le plus de personnes possible et ne pas commencer à trier les EDF et les POWEO."

Nous sommes d'accord : je n'ai jamais dit (relisez mes notes) que RTE allait trier entre les EDF et POWEO, juste que RTE et Voltalis ont l'information pour le faire si RTE le juge necessaire ou plus efficace un effacement selectif (il y a surement des criteres geographiques qui jouent en plus, information que peut aussi fournir Voltalis), et que a défaut l'information est nécessaire pour la facturation dans tous les cas.

Et je suis surpris que vous proposiez un marché de gré a gré opaquissime avec des acteurs de taille disproportionnés - EDF va simplement rire au nez de Voltalis et eventuellement developper sa solution a un cout global sans doute supérieur - plutot qu'une approche plus transparente sous la surveillance et temps reel du regulateur et sans barriere a l'entrée des petits innovateurs.

Surtout dans le domaine de l'electricité ou l'experience montre que les petites bidouilles entre amis dans le dos du régulateur sont loin d'être bénéfiques a la société ...

Laurent GUERBY a dit…

Voila le texte de la délibération CRE (PDF)

Je cite :

"Par ailleurs, la CRE considère que la question de la validité des données de comptage provenant des
opérateurs d’effacements, revêt un caractère prioritaire. La mise en place d’un dispositif apportant aux
acteurs la confiance nécessaire dans les données fournies par les opérateurs d’effacements diffus,
favorisera leur développement. Elle demande donc à RTE de lui faire une proposition avant le 31 décembre
2009, en concertation avec les acteurs."

Donc sans doute les opérateurs ont mis en doute la fiabilité/traçabilité des données Voltalis.

Dans le scénario envisagé par la CRE Voltalis ne saurait qu'effacer des consomateurs du producteur qui a bien prévu (A) et pas de celui qui a mal prevu (B), or il me semble surprenant que cela soit le seul cas de figure possible !

Dans le cas de figure CRE la logique voudrait que Voltalis efface les clients B au maximum possible. Au dela c'est moins clair.

Enfin le CRE renvoie la balle a RTE en lui demandant : "étudier d’autres dispositifs permettant la valorisation des effacements diffus en dehors du mécanisme d’ajustement."

Anonyme a dit…

l'idée d'actualiser - par le web -l'effacement en pointe est évidemment sensée et utile

elle est aussi extrêmement juteuse , car la valeur des MWh à ce moment est élevée - et source de spéculations croissantes ...

mettre à disposition des centrales qui ne fonctionnent que quelques heures par an coûte notamment en charges fixes des montants astronomiques rapportés aux énergies produites alors ...

Personne ne semble cependant voir que cette excellente idée de VOLTALIS justifierait même une baisse générale des tarifs notamment ciblée vers les citoyens qui l'adoptent !

car il n'est pas sûr qu'ils y gagnent vraiment eux , si leur balance de consommation énergétique reste quasi inchangée en volume : une récompense normale pour leur souci de l'écologie et aussi la légère perte de qualité du service électrique qu'ils achètent - avec un droit à tirer permanent - et qui cependant est interrompu pendant quelque temps: celà mériterait bien une aumône ?

mais les manants n'auront droit qu'à des hausses ???

Anonyme a dit…

Bonjour, sans détailler la technique du marché de l'électricité, il me semble que moins il y a d'intermédiaires entre le producteur et le consommateur, plus l'échange est efficient pour le monde, et donc écologique. Si un intermédiaire s'intercalle en plus entre le consommateur final alors qu'il y a déjà EDF et RTE entre lui, logiquement, à terme, ça ne peut qu’alourdir la facture. C'est à EDF de se bouger les doigts du fut pour nous proposer un boitier de régulation qui permettrait de lisser sa production. Un démarcheur de chez Voltalis m'a tenue la jambe pendant une heure pour me refiler son boitier. Il était plus qu'insistant, même après avoir entendu mon point de vue .( je considère que c'est une arnaque, que leur argument présenté comme un économie pour le consommateurs est mensonger et que la logique voudrait que ce soit le producteur qui soit responsable du délestage - en cas de mécontentent, on sait qui blamer alors qu'avec l'ajout de prestataires, à la fin, on ne sait plus qui fait quoi ... et tout le monde s'en fout ) . Le démarcheur était si instant et si arrogant que j'ai du me fâcher pour qu'il me laisse en paix. Avis aux Patriotes.