10 octobre 2006

Pour la diplomatie : Villepin ou Sarkozy ?


Les relations internationales ont le vent en poupe ces jours derniers dans la campagne électorale. Et il y a de quoi : la prolifération nucléaire de la Corée et de l'Iran, la situation en Irak ou la paix au Proche-Orient (auxquels il faudrait encore ajouter le Darfour, la Côte d'Ivoire ou la Thaïlande) sont autant de menaces graves pour la paix sur la planète. De plus, l'élection présidentielle doit choisir le chef de la diplomatie et des armées, autant ne pas se tromper de candidat.

On a assisté à une passe d'armes très intéressante entre le Premier Ministre et son Ministre de l'Intérieur sur ce sujet. Outre le fait qu'elle témoigne d'un affrontement tactique entre les deux hommes, il n'en reste pas moins qu'ils ont sur ce sujet deux visions largement différentes et toutes les deux respectables.

Résumons la position de chacun, telle qu'ils l'ont exprimée ces jours derniers : pour Nicolas Sarkozy, l'éthique et la morale doivent être plus présentes dans les affaires internationales, c'est pourquoi il préfère serrer la main de Georges Bush plutôt que de rencontrer Vladimir Poutine. A ce titre il pense que la France a intérêt à se rapprocher des Etats-Unis, plus grande démocratie du monde car, seul, notre pays ne peut pas réellement peser, au mieux est-il capable d'être donneur de leçons et arrogant. Le ministre de l'intérieur pense également que ce thème doit sortir du "domaine réservé" du chef de l'Etat, c'est-à-dire que le Parlement doit pouvoir se prononcer et délibérer sur la politique étrangère de la France.

A ces propositions, le Premier Ministre oppose sa vision "gaulliste" et met en avant son expérience. Pour lui, la politique étrangère doit viser un compromis entre le respect de l'éthique et des droits fondamentaux et les relations d'Etat à Etat. En clair, la morale ne saurait ignorer la Realpolitik. C'est pourquoi il refuse de critiquer vigoureusement la Russie car c'est selon lui un acteur important sur le plan diplomatique (cf. Iran et Corée du Nord) et énergétique. La diplomatie exige donc que les responsables politiques pèsent leurs mots et privilégient le compromis. En ce qui concerne la relation avec les USA, Dominique de Villepin refuse une alliance trop asymétrique comme elle peut exister entre USA et Royaume-Uni et, de fait, selon lui, la diplomatie Française pèse beaucoup plus que la diplomatie Britannique car on lui reconnaît une liberté de parole et d'initiative. Enfin, il pense que la politique de défense et la conduite de la diplomatie doivent rester dans le giron du Président de la République car c'est une manière de personnaliser la voix de la France et donc d'éviter les dissensions et les atermoiements. De plus, le Président est certainement la personnalité politique la plus à l'abris de pressions extérieures. C'est pourquoi Dominique de Villepin accepte que le Parlement débatte sur ces questions (comme sur le Liban) afin de dégager un consensus national mais refuse qu'il vote.

Pour savoir quelle vision est la meilleure il faut se demander à quoi doit servir la diplomatie aujourd'hui. Les priorités actuelles semblent claires : éviter la prolifération nucléaire et l'embrasement de certaines régions sensibles. Il faut donc donner raison à Dominique de Villepin de n'écarter personne des discussions et de garder de bonnes relations avec des puissances qui sont influentes sur ces dossiers comme la Russie et la Chine. Cependant, on voit bien que la patience de la communauté internationale envers l'Iran et la Corée du Nord sont sans résultats et que la culture du compromis doit parfois s'effacer devant une ligne plus ferme réclamée par les Américains. Que le langage diplomatique n'exclue personne et soit empreint de Realpolitik me paraît une bonne chose à condition que certaines limites soient posées et que le recours aux sanctions ou à la force ne soient jamais définitivement écartés.

Une chose est sûre : la France a eu raison de s'opposer à la guerre en Irak qui a vite tourné au fiasco et qui augmente l'instabilité régionale en même temps qu'elle réduit la capacité de projection de l'armée Américaine sur d'autres théâtres d'opérations. L'Iran a ainsi pu augmenter son influence sur cette région (et notamment sur l'Irak) et ne semble plus prendre les menaces américaines au sérieux. Evoquer l'arrogance de la France à propos de la crise Irakienne, comme l'a fait Nicolas Sarkozy, me paraît donc une erreur, d'autant plus que cette vision n'est pas partagée par les Français qui ont soutenu la position de leur pays à l'époque.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Comment peut t’on vouloir suivre les USA ?
Cette super puissance ignore superbement le reste du monde.
Outre qu’elle ai fragilisé, en la mettant à l’écart, l’ONU en imposant sa guerre en Irak, malgré l’hostilité du reste du monde, comment s’aligné sur une diplomatie qui consiste à frapper avant d’être frapper par d’éventuels ennemis.
Quant j’entends parler « d’axe du mal », J’ai l’impression de me trouver dans « star wars ».
De plus, non seulement, les USA ne sont pas signataire du traité mettant en place et reconnaissant les tribunaux internationaux (du type de ceux qui officient en Bosnie et au Rwanda), mais en plus, dernièrement Georges Bush a décidé de « relire » la convention de Genève afin de justifier les exactions de Guantanamo…
Et après, nous nous étonnons qu’Israël se permette d’envahir le Liban, sous prétexte de se défendre contre le Hezbollah…
Jacques Chirac, n’a pas été inspiré durant ces deux mandats, pourtant sa mise en avant de la France dans la contestation de la guerre en Irak, la défense qui a été fait du droit international fut tout à son honneur et à l’honneur de notre pays.
… Et nous voudrions suivre l’exemple des Anglais, dans la subordination au géant américain ?