18 septembre 2006

Des valeurs c'est bien, un projet c'est mieux


La société française est aujourd'hui à ce point morcelée qu'il paraît inimaginable de vouloir trouver un projet commun mobilisateur pour l'ensemble des Français. Que partagent, en effet, les cadres dirigeants des entreprises qui s'intéressent au débat sur les stock-options et les travailleurs peu qualifiés qui peinent à trouver un emploi ? Qu'ont en commun les "bobos" (terme que j'utilise ici sans aucune connotation péjorative) parisiens épris de culture et de générosité à l'égard de ceux qui souffrent comme les sans-papiers et les retraités des campagnes qui ne connaissent pas Internet et qui ont peur de l’immigration ?

Et pourtant, si on croit en la politique, on ne peut perdre l’espoir d’un grand projet de société qui serait profitable pour tous et qui consacrerait l’unité des Français. En appartenant à la même nation, nous avons une communauté de destin, l’idéal républicain ne peut s’accommoder du communautarisme et du corporatisme qui ne sont jamais que des individualismes de groupe. Au-delà du bonheur individuel, il est une satisfaction de l’esprit incomparable que de voir que son pays avance et que le sort de ses concitoyens s’améliore, c’est en tous cas mon point de vue.

L’élection présidentielle telle qu’elle est organisée oblige les candidats présents au second tour à rassembler et donc à essayer de trouver un message commun pour l’ensemble de la population, c’est d’ailleurs pour cela qu’il ne faut surtout pas revenir sur ce système majoritaire à deux tours. Aujourd’hui, si l’on observe les deux favoris que sont Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, on constate qu’ils adoptent une stratégie similaire : rassembler sur des valeurs plutôt que sur un projet. Je ne condamne pas cette démarche, elle est pour moi nécessaire mais certainement pas suffisante.

Il est heureux de constater que les Français se retrouvent encore sur les valeurs de travail, de mérite, de justice et d’ordre, bref que ce qui constitue le socle de la République est encore très présent dans la société, mais la tentation pour les candidats peut-être d’insister uniquement sur ces valeurs essentielles au détriment de leur projet concret. Car pour faire vivre ces principes, il faut des propositions concrètes et ce sont elles qui doivent alimenter le débat présidentiel. Que signifie réhabiliter le travail ? S’agit-il de réduire le chômage, d’augmenter le salaire, de revenir sur les 35 heures ou encore de permettre à ceux qui veulent travailler plus de faire des heures supplémentaires exemptées de charges sociales ? Il en va de même du mérite qui est derrière tout le débat sur l’égalité des chances.

Alors de grâce mesdames et messieurs les candidats à la présidence de la République, n’en restez pas aux slogans et aux principes, bien qu’ils soient essentiels, mais essayez de proposer un projet qui puisse rassembler véritablement les Français, un nouveau compromis social.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"La société française est aujourd'hui à ce point morcelée qu'il paraît inimaginable de vouloir trouver un projet commun mobilisateur pour l'ensemble des Français...Qu'ont en commun les "bobos" (terme que j'utilise ici sans aucune connotation péjorative) parisiens épris de culture et de générosité à l'égard de ceux qui souffrent comme les sans-papiers et les retraités des campagnes qui ne connaissent pas Internet et qui ont peur de l’immigration ?"

Bonjour,

Je me permets de réagir à ces propos qui sous-entendent de bonnes questions.
Je crois qu'une bonne majorité des "bobos" et autres français de toutes les horizons, cultures,origines, classe sociale etc ont en commun un raz le bol du paysage politique français actuel.
Des valeurs, des projets, des promesses... tout cela fleure bon le politiquement correct qui ne fait plus "fantasmer" que nos énarques.
30aire, père de 3 enfants, vivant dans le sud de la France donc assez loin de l'effervescence électorale de la capitale, je pense faire partie d'un ensemble qui souhaite changer la France, construire son avenir, rassembler le plus grand nombre autour d'une idée commune.
Le problème ? Où sont les réponses, qui les détient ? A quand la vérité ? Où en sommes-nous vraiment ? Par où allons nous devoir passer et par quels sacrifices ?
Car je pense qu'il s'agit de cela. Pour reprendre une phrase lue dans le blog "Pourquoi pas Christian Blanc", je crois qu'il va y avoir du "sang et des larmes".
Je n'en ai pas peur, je ne suis pas le seul.
J'aimerais pouvoir expliquer aux enfants d'aujourd'hui les adultes qu'ils seront demain.
Suis-je utopiste ? Peut-être, mais un utopiste avec droit de vote...

Julian du 30