17 décembre 2006

Je fais partie des 13%


Si l'on en croit l'IFOP, 87% des Français ont une bonne ou une très bonne opinion de Nicolas Hulot. Ce chiffre constitue un record dans l'histoire de ce baromètre, l'animateur de télévision surclasse donc Bernard Kouchner, Ségolène Royal ou encore Simone Veil. Et d'aucuns de célébrer cette belle unanimité, pour une fois nous sommes tous d'accord sur un sujet, l'écologie, et sur les solutions à y apporter. Pour une fois un homme a su imposer aux candidats à la présidentielles les mesures qui permettront de lutter contre le réchauffement climatique. Sauf que...

Sauf que si tout le monde s'accorde sur la réalité du réchauffement climatique, il y a débat sur son impact réel et sur les moyens à mettre en oeuvre pour agir. J'aimerais tout d'abord faire remarquer à quel point la position de certains écologistes est conservatrice : le monde actuel nous est décrit comme idyllique et chaque changement est vécu comme un cataclysme potentiel. En somme, il ne faut surtout toucher à rien et respecter le bel équilibre de la nature. Cette affirmation me semble relever d'une double erreur : d'une part le monde actuel est loin d'être parfait et nos lunettes de riches occidentaux troublent notre vision de la réalité du monde et d'autre part la Terre, la nature et le climat n'ont cessé d'évoluer au fil du temps sans que cela ne se traduise par une détérioration générale de la qualité de vie. Ce à quoi je m'oppose, finalement, c'est à une vision religieuse de la nature, qui prétend que chaque action humaine est une perturbation dangereuse d'un merveilleux équilibre. C'est notamment sous cet angle qu'est abordée la question des OGM.

Cette religion a ses prêtres médiatiques, chargés d'annoncer l'apocalypse et de dénoncer la vanité des hommes : "la nature va se venger" annoncent-ils de concert. Nous sommes mis au banc des accusés pour notre prométhéisme. Cet élément devrait nous alerter car il est dangereux d'aborder des problèmes scientifiques en des termes uniquement moraux. Quelles sont les solutions avancées par ces prêtres de l'écologie : la modération qui n'est qu'une manière sympathique de dire le rationnement, c'est-à-dire la gestion de la pénurie. L'innovation technologique est perçue comme ne pouvant qu'agir à la marge. Concrètement, c'est à un certain retour de l'économie dirigée et planifiée que nous sommes invités. Pour preuve : les mesures proposées par Nicolas Hulot dans son Pacte Ecologique relèvent essentiellement de l'action de l'Etat.

Je pense que s'il est bon d'aborder de manière approfondie ce thème, la façon dont le débat prend tournure est extrêmement dommageable : à cette éloge de la modération, je préfère la confiance dans le progrès technique. L'humanité doit s'adapter à la nouvelle donne par son génie propre, dire cela, ce n'est pas faire preuve de vanité. L'Etat peut bien entendu jouer un rôle grâce à la fiscalité, en rendant rentable des investissements et des technologies propres qui ne le sont pas encore, mais d'autres pistes doivent être envisagées. Citons entre autres l'investissement socialement et environnementalement responsable, appliqué par exemple par le fonds norvégien qui gère l'argent du pétrole et qui obtient malgré les contraintes qu'il se fixe des taux de rentabilité sensiblement supérieurs à ceux du marché, il y a là le début d'un cercle vertueux.

Contrairement à ce que l'on croît en Europe Occidentale, l'énergie du futur dans le monde sera le charbon. On peut s'en offusquer mais les faits sont là : cette source d'énergie fossile est la plus abondante et les pays en voie de développement, notamment la Chine construisent à un rythme très soutenu des usines à charbon pour produire de l'électricité (de même que les Etats-Unis qui disposent d'immenses réserves). Il faut donc massivement investir dans des usines à charbon propre et développer les technologies de captage et de stockage de CO2 pour pouvoir renouveler le parc de centrales et le rendre plus propres. Cet exemple montre bien que le défi environnemental peut être demain ce que les nouvelles technologies sont aujourd'hui en matière de croissance, il y a là des opportunités fabuleuses.

Investissons donc massivement dans ce domaine, faisons de l'Europe le leader mondial plutôt que de nous replier sur nous même et d'abandonner l'idée de croissance, donc de progrès, donc de civilisation.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

très belle synthese !!!

Anonyme a dit…

"Ce à quoi je m'oppose, finalement, c'est à une vision religieuse de la nature, qui prétend que chaque action humaine est une perturbation dangereuse d'un merveilleux équilibre. C'est notamment sous cet angle qu'est abordée la question des OGM."

A travers cette phrase et le paragraphe précedent, vous prétenddez que l'intelligence créative de l'homme est supérieure en tout point a ce que la nature a mis des années a fabriquer !

Vous avez une image érronée des écologistes, les écolos n'ont jamis affirmés qu'il ne faut rien toucher, simplement qu'il faudrais le faire dans le respect des equilibres environnementaux sous peine de retour de baton un jour ou l'autre !

Anonyme a dit…

correction, non pas des années mais des millenaires !

Anonyme a dit…

Je viens de lire rapidement tous les articles situés au dessus du commentaire que voici.

Ils me paraissent tous pertinents. De surcroît ils sont rédigés talentueusement.

Je tique ici : "idée de croissance donc de progrès donc de civilisation."

Comme si tout devait se déduire de l'économie !

Pour moi, les "donc" sont à l'envers : c'est à l'humain une fois civilisé que le progrès devient possible, lequel lui permet de croître (et je me moque du sens économique de ce verbe, la monnaie n'étant qu'un moyen de permettre l'échange).