13 novembre 2011

Les démocraties européennes en danger ?

Depuis quelques semaines, les marchés financiers semblent avoir supplanté les électeurs dans le choix des dirigeants des Etats européens. En quelques jours, nous sommes passés d’une annonce par Georges Papandréou d’un référendum sur les mesures d’austérité à la nomination de deux gouvernements « techniques » dirigés par Lucas Papademos en Grèce et Mario Monti en Italie. Plutôt que de donner la parole au peuple, il a donc été choisi de placer deux technocrates sans attaches politiques particulières pour administrer à ce même peuple les mesures d’austérité jugées nécessaires. Cette situation a de quoi choquer et il est légitime de penser que l’Europe est en train de quitter le chemin de la démocratie sous la dictature des marchés. Je vais pourtant essayer de montrer que cette situation n’est pas aussi choquante qu’il y paraît au premier abord.

1. Ce ne sont pas les marchés qui choisissent les gouvernements

Il convient tout d’abord de tempérer l’idée selon laquelle ce sont les marchés qui sont seuls responsables des changements opérés à la tête de la Grèce et de l’Italie. Dans les deux cas, il faut noter la fragilité des leaders en place, notamment au sein de leur propre camp. Georges Papandréou s’est décrédibilisé aux yeux de l’opinion et des parlementaires en proposant un référendum suite au sommet européen d’octobre, la fracture avec son puissant ministre des finances Evangelos Venizelos est devenue béante. C’est donc avant tout pour des motifs de politique intérieure que le dirigeant du PASOK a perdu le pouvoir et qu’est apparue comme nécessaire par les parlementaires grecs la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Pour diriger ce gouvernement, le nom de Lucas Papademos, ancien vice-président de la Banque Centrale Européenne et professeur d’économie à Harvard, a tout d’abord été avancé puis il s’est effacé au profit d’autres personnalités plus politiques, notamment l’actuel président du parlement grec, membre du PASOK. Ce n’est qu’en raison d’une absence de consensus sur ces personnalités entre les deux principaux partis grecs que le choix est finalement revenu vers Lucas Papademos, étant entendu que de nouvelles élections seraient organisées en février pour donner une direction politique claire au pays.

En Italie, il serait fastidieux de faire la liste des éléments à charge qui ont contraint Silvio Berlusconi à quitter le pouvoir. Sa mauvaise gestion de la crise de la dette italienne et la pression des marchés n’ont été que le catalyseur d’un départ qui était déjà, dans toutes les têtes, jugé comme nécessaire et inexorable. L’Italie ne pouvait plus conserver à sa tête un dirigeant totalement discrédité par ses frasques personnelles, incapable de faire passer la moindre réforme d’envergure au parlement et totalement dans la main de son allié populiste Umberto Bossi, patron de la Ligue du Nord. Quant au choix de Mario Monti, il s’est imposé par consensus au sein de la classe politique italienne et a fait l’objet d’un intense lobbying de la part du Président Italien, ancien leader communiste, Giorgo Napolitano.

Sans trop préjuger du résultat des élections espagnoles du week-end prochain, on peut s’attendre à une victoire assez nette du Parti Populaire, ce sera donc le peuple espagnol, librement, qui portera au pouvoir un parti qui prône une forte rigueur budgétaire. L’Espagne imitera ainsi le Portugal qui a connu la même évolution politique il y a quelques mois. Tous ces exemples montrent que si les marchés exercent une influence sur la politique intérieure des Etats européens, ce sont encore les peuples ou leurs représentants élus qui choisissent le gouvernement. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’une évolution de cette nature est facilitée par le fait que ces pays sont tous des régimes parlementaires où le chef de l’exécutif n’a pas la prééminence qui lui est conférée par un régime présidentiel. En France, une situation similaire ne saurait être envisagée car le Président de la République n’est pas nommé mais élu au suffrage universel direct. Cela ne signifie pas que notre pays soit à l’abri de telles secousses, mais elles ne pourraient prendre que deux formes : soit des élections anticipées, soit une mise en retrait (une « chiracisation ») du Président qui laisserait tout le pouvoir à un nouveau Premier Ministre.

2. La démocratie, c’est le choix parmi les possibilités offertes par la réalité

Au-delà de l’analyse de ces cas particuliers que sont chacun des Etats européens, on ne peut échapper à la question de fond de l’influence croissante des marchés financiers dans le choix des gouvernements et donc dans la politique menée. Plutôt que de s’en émouvoir, il convient de l’expliquer. La démocratie, avant tout, c’est le choix donné au peuple parmi les possibilités offertes par la réalité. C’est en cela que je récuse le caractère démocratique du référendum imaginé par Papandréou car il laissait supposer qu’il y avait une alternative possible au plan de sauvetage européen, ou, plus grave, que la sortie de la Grèce de la zone euro était une option possible. En fait, et on peut parfaitement le comprendre, Papandréou cherchait, à travers ce référendum, un plébiscite pour lui permettre de continuer à gouverner malgré la mauvaise foi de l’opposition de droite et la radicalité des manifestants de gauche.

Trop souvent on réduit la démocratie au choix du peuple, oubliant en cela la « réalité », qui finit, tôt ou tard, par resurgir. Pour reprendre l’expression favorite de Nicolas Sarkozy, on ne peut pas toujours « mettre la poussière sous le tapis ». En accumulant les déficits budgétaires années après années, les gouvernements européens, par facilité, se sont mis dans les mains des marchés financiers, c’est-à-dire des investisseurs et par voie de conséquence des agences de notation qui orientent les choix de ces derniers. L’avis de l’agence Moody’s sur la France n’aurait aucun impact si notre dette représentait 50% de notre PIB. C’est l’endettement massif des pays européen qui donne leur aura aux agences de notation. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que les marchés financiers sont aujourd’hui un moyen privilégié choisi par la « réalité » pour se manifester et se rappeler au souvenir de gouvernements qui avaient préféré la mettre de côté. Toutes les discussions morales sur ces banques sauvées par les Etats qui mettent désormais les Etats à genoux ou sur ces agences de notation qui s’étaient lourdement trompée pendant la crise des subprimes et qui viennent aujourd’hui donner des leçons aux Etats sont, de mon point de vue, hors de propos. Elles ressemblent furieusement à une ultime tentative de prendre le balai pour mettre la poussière sous le tapis, sauf que trop de poussière y est désormais accumulé et qu’il faut bien se résigner à faire quelque chose.

Il ne s’agit pas de dire qu’une seule politique est possible : le dosage des différentes mesures tenant compte de la situation des différents pays doit être un sujet de débat. Il s’agit d’équilibrer un keynésianisme dont on voit les limites et un ricardisme dont on a vu les dégâts dans le passé. Mais ce qui est sûr c’est que la rigueur relève aujourd’hui, pour les gouvernements européens, de l’ordre du nécessaire. L’Europe n’échappera pas à son destin, que la BCE puisse acheter de la dette des Etats ou qu’on continue à lui interdire (question qui est loin d’être anodine), elle va devoir consentir des efforts importants de manière prolongée, deux adjectifs qui peuvent être dosés de manière différente selon les politiques menées.

3. Comment concilier démocratie et austérité ?

Socialement et économiquement, il me semble préférable d’étaler ces efforts dans le temps, mais cela suppose une crédibilité très forte : le monde ne peut nous accorder un léger répit aujourd’hui que s’il est convaincu que nous ne fléchirons pas dans la politique menée dans la décennie à venir. Vient alors la question essentielle : comment concilier dix ans « d’austérité douce » avec la démocratie telle que nous la connaissons aujourd’hui ? Faudra-t-il en passer par dix ans de gouvernements d’union nationale dirigés par des technocrates dont la personnalité sera aussi austère que la politique qu’ils devront mener ? Faudra-t-il en passer par une tutelle de l’Union Européenne vis-à-vis des Etats européens les plus fragiles ? Dans les deux cas, il est probable qu’une vague de populisme ne gagne peu à peu en puissance, ce qui est d’autant plus inquiétant que nous partons déjà d’un niveau assez haut dans ce domaine.

L’autre possibilité, c’est que les principaux partis de gouvernements prennent leurs responsabilités en ne promettant pas n’importe quoi lors des élections mais en continuant à s’affronter « loyalement ». L’alternance politique de gens raisonnables est certainement le meilleur moyen de concilier démocratie et austérité tout en contenant les risques de montée du populisme. De ce point de vue, l’élection française de 2012 sera un test grandeur nature.

Cette deuxième option est cependant trop fragile, et il semble difficile d’échapper à un renforcement des traités européens pour éviter que certains pays ne dévient de la trajectoire qui leur est assignée. Partager la même monnaie, c’est un peu comme vivre dans le même immeuble, cela impose de se fixer des règles communes qui préservent la tranquillité de chacun. Afin d’éviter que cette surveillance européenne ne soit perçue comme une tutelle technocratique, il sera sans doute nécessaire d’aller plus loin dans la démocratie communautaire : la proposition allemande d’élire le Président de la Commission au suffrage universel direct européen va de ce point de vue dans la bonne direction. Il conviendrait, à cette occasion, de rassembler les fonctions de Président du Conseil (poste occupé par Herman Von Rompuy) et de Président de la Commission (poste occupé par José Manuel Barroso).

Dans tous les cas, il n’est pas envisageable que la classe politique externalise la fonction de gouvernement en la confiant à des personnalités qualifiées sans légitimité populaire. Pour le dire autrement, une fois qu’ils auront fait leurs preuves, messieurs Papademos et Monti devront se confronter au suffrage universel.

Et si le technocrate devenu responsable politique était une figure d’avenir pour l’Europe ?

7 commentaires:

xavier a dit…

Ce que j'avais lu, c'est que la classe politique grecque (et rien n'interdit de penser que ce raisonnement s'applique au cas italien) était bien content de trouver un "technocrate" car ainsi cela lui permettait de rester en retrait pour les épreuves difficiles des temps à venir, pour pouvoir revenir aux affaires "immaculés". Un technocrate n'ayant pas de visée politique, il se moquera de son impopularité.

J'ai une question pour toi mon cher VlR : que signifie la note de la dette souveraine pour un pays "too big to fail" ?
En effet, la note est censée mesurer un risque de défaut de paiement, et les marchés sont censés faire payer ce risque en réclament des taux d'intérêt fonction desdits risques. En moyenne, des fois on gagne des fois on perd, mais globalement on s'y retrouve. OK.
Mais si le pays est "too big to fail", que signifie "lui faire payer le risque" ? Le risque est alors infini ! Si un pays comme, mettons, la France fait défaut, alors c'est tout le système qui explose ! Alors on perd tout, sur tous ses placements, il ne faut pas espérer se refaire "en moyenne".
Pour prendre une analogie : est-ce qu'on accepterait de payer son repas au restaurant en fonction de la probabilité qu'on a de mourir de listériose ? Il me semble que soit on accepte le repas, soit on ne l'accepte pas, mais on ne peut pas demander une ristourne pour "risque accru de mourir de listériose"...

Peut-être que je dis là une grosse bêtise, mais je n'ai jamais entendu de réponse à cette interrogation.

Et si ce que je dis fait sens, que la notion de risque pour un pays qui ne PEUT PAS sombrer est inapplicable, alors pourquoi demander à ces pays de se financer auprès d'investisseurs qui entendent se rémunérer sur ce risque ? N'est-il donc pas évident que le seul financeur d'un tel pays ne peut être que le seul autre acteur financier qui partage cette caractéristique de ne pas être soumis au risque, et cela en battant monnaie ? Pourquoi ne pas laisser les Etats se financer par leurs banques centrales, comme cela était le cas jadis ?

Kévin a dit…

Cela fait un moment que je suis votre blog et j'ai l'impression qu'au fil du temps votre discours s'assombrit. Autant vous pouviez, il y a un an ou deux, publier des analyses fouillées qui cherchaient le "vrai", autant aujourd'hui il me semble que vous vous fourvoyez en confondant ce vrai avec ce que l'on peut appeler "l'idéologie néo-libérale". Peut-être faut-il voir, dans cette évolution, l'influence d'une vie professionnelle qui vous a fait perdre certains idéaux que vous pouviez défendre en tant qu'étudiant. C'est ainsi qu'aujourd'hui, nous pouvons apprendre que :
- "En accumulant les déficits budgétaires années après années, les gouvernements européens, par facilité, se sont mis dans les mains des marchés financiers".
Une question : Cette "mise dans les mains" n'arrangeait-elle pas les financiers ? S'ils n'ont peut-être pas tout fait pour avoir la mainmise sur les gouvernements. Force est de constater qu'ils ne les ont pas empêchés de se placer sous leur coupe.
- que la réalité c'est l'endettement. Alors oui, il y a de l'endettement, de là à réduire la réalité à cet état de fait, il y a, à mon sens, un pas, que personnellement je ne saurai franchir.
- que les discussions sur ces banques sauvées par les Etats qui mettent désormais les Etats à genoux sont "hors de propos" et qu'elles consistent à mettre de la poussière sous le tapis. A mon avis, les discussions sur les banques ne consistent pas en une volonté de cacher la misère mais au contraire de l'éviter. Il s'agit de mettre au jour un processus d'enrichissement privé qui n'a aucun frein pour justement le freiner.
- La rigueur est nécessaire. Une question : Est-il vraiment nécessaire que des pauvres gens se serrent la ceinture pour que les investisseurs assurent leurs revenus ?
Je vais m'arrêter là. Pour votre information, mon post n'a pour but de vous mettre à l'index mais d'ouvrir, si vous le souhaitez, une discussion

Vive la République ! a dit…

@Xavier,

La notion de "too big to fail" est utile pour comprendre certains comportements d'acteurs mais n'est pas une réalité dure : cela demeure un jugement subjectif. Entre la certitude d'être remboursé et le risque de faillite totale d'un pays, il y a tout un spectre qui peut expliquer des rémunérations différentes de la dette.

Grosso modo, le coût de la dette pour un pays correspond d'une part à la rémunération du temps de l'investisseur (qui prête de l'argent maintenant pour ne le retrouver que plus tard), d'autre part à une prime de liquidité (si un investisseur a besoin d'argent et souhaite céder sur le marché secondaire ses titres de dette, ce sera plus facile pour lui de trouver preneur avec de la dette américaine que luxembourgeoise) et enfin une prime de risque, qui est censée être évaluée par les agences de notation.

Tu dis que pour les gros Etats, cette prime devrait être nulle dès lors que leur faillite n'est pas envisageable. Sauf que si on part de ce postulat alors plus rien ne vient limiter l'endettement d'un tel pays. Par ailleurs, l'Italie pourrait demain annoncer qu'elle fait défaut sur 5% de sa dette. La prime de risque pour les investisseur correspond donc à l'intégrale des proba que l'Etat fasse défaut de x% multiplié par le x en question. Et rien ne dit que le résultat donne zéro.

Cela dit tu poses une vraie question, et il me semble de plus en plus évident qu'un prêteur en dernier ressort (à des taux raisonnables) intervienne : c'est à la BCE d'assumer ce rôle. Elle doit garantir que chaque Etat de la zone euro pourra se financer à des conditions raisonnables. La contrepartie de cette possibilité doit être, d'une certaine manière, une mise sous tutelle budgétaire dudit pays pour éviter un emballement de la dette.

J'avoue qu'en s'opposant obstinément à cette solution, les Allemands sont en train de devenir le problème de l'Europe.

Vive la République ! a dit…

@Kevin,

Effectivement, j'ai gagné en pessimisme au fil des ans, en réalisant petit à petit à quel point les problèmes qui touchent l'Europe étaient profonds (pour ne pas dire historiques). Cela dit, je suis persuadé que les efforts que fait l'Europe et qu'elle va poursuivre dans les années à venir vont être payants et que le paysage économique mondial sera très différent dans une dizaine d'année, avec des pays émergents à la croissance déclinante et une accumulation de problèmes sociaux à gérer, et une Europe qui retrouvera une nouvelle vigueur. C'est en tous cas mon pari.

Je ne partage en rien l'idéologie néo-libérale comme vous le suggérez : l'équilibre budgétaire n'a rien à voir avec cette doctrine, c'est un impératif pour, précisément, conserver notre souveraineté. La question de savoir si les marchés sont heureux ou pas de nous avoir prêté de l'argent est seconde dans cette histoire : ce sont les Etats qui décident ou non d'émettre de la dette, pas les investisseurs.

Je ne dis pas que la réalité se résume à l'endettement mais simplement qu'il s'agit d'une composante de cette réalité que l'on ne saurait contourner infiniment. De même que l'épuisement des ressources carbonées et le réchauffement climatiques sont d'autres réalités incontournables.

Que les banques ne ponctionnent pas une part importantes des richesses de l'économie me semble important, mais il faut être conscient de leur rôle fondamental d'intermédiation : on ne peut pas faire sans les banques dans une économie moderne, cela pose toute la question de leur régulation, mais cela n'a rien à voir avec le problème de la dette à mon sens.

Pour répondre à votre dernier paragraphe, je dirais que ce qui est nécessaire c'est de revenir à l'équilibre budgétaire pour conserver notre indépendance et notre capacité à mener des politiques. Rien ne peut justifier que sur la longue période les cotisations sociales ne suffisent pas à couvrir les prestations sociales. On a réussi à le faire pendant 30 ans sans que les investisseurs ne bronchent, aujourd'hui c'est terminé. On peut le déplorer, je préfère y remédier.

xavier a dit…

@VLR,

Justement, mon point c'était : l'intégrale dont tu parles, c'est l'infini, car si un état comme l'Italie fait défaut, c'est tout le système qui part en sucette (pour ne pas employer de termes plus vulgaires...). Je ne suis pas sûr qu'il y ait "tout un spectre", comme tu dis.

Qu'est-ce qui limiterait la dette des Etats alors ? c'est pour moi bien simple : la crédibilité de leurs monnaies. Il y a un risque d'hyperinflation alors, d'accord ; mais c'est alors un problème politique, et non systémique ("yaka" laisser les banques centrales décider de combien elles prêtent aux Etats, et instaurer une règle d'or : "pas le droit de dépenser plus que ce que vous avez sur votre compte").

Quant à l'Allemagne... qu'ils profitent. On verra ce que leur démographie leur réserve d'ici 20 ans.

Kévin a dit…

Merci pour votre réponse.
Pour votre premier paragraphe, je trouve étrange de miser sur un certain déclin des pays émergents pour que l'Europe retrouve de la vigueur. A mon sens l'humanité est une et les choses ne s'amélioreront pas tant qu'il y aura des inégalités. De plus, à propos des problèmes sociaux des pays émergents, il me semble plus juste de dire qu'ils s'exacerbent que de dire qu'ils s'accumulent.
En ce qui concerne l'équilibre budgétaire, comment se fait-il que les états en sont venus à émettre de la dette ? Si l'idéologie néo-libérale n'a rien à voir avec ce fait quelle en est, selon vous, l'origine ?
Vous dites qu'il n'y a pas de rapport entre la dette et la régulation des banques. N'est-ce pas pourtant la capacité de ces dernières à prêter pour prêter qui a crée des actifs toxiques pour finalement les rejeter sur les contribuables ?
Par rapport à votre dernier paragraphe, je ne pense pas que ce qui est déploré c'est que les cotisations sociales ne couvrent plus les prestations sociales. Ce qui est déploré c'est qu'il devient de les couvrir parce que si le paradigme de la croissance est infini, notre monde, lui, est fini.

Vive la République ! a dit…

@ Xavier,

Non, l'intégrale dont je parle ne fait pas l'infini. Ce que tu dis c'est que la proba que l'Italie fasse défaut à 100% est nulle car elle induirait des conséquences dramatiques pour l'économie mondiale. Mais qu'en est-il de la probabilité que l'Italie fasse défaut sur 5% de sa dette ?

@ Kévin,

Excusez pour le délai de réponse. Je ne mise pas sur le déclin des pays émergents pour que l'Europe retrouve sa vigueur, je dis simplement que les deux phénomènes pourraient très bien être concommitants. Il faut cesser de croire que la Chine aura 10% de croissance jusqu'à la fin des temps : nous sommes actuellement dans une période transitoire.

Comme toujours en économie, nous observons les choses avec retard : on déplore l'explosion des bulles (subprimes par exemple) alors que le "mal" économique se déroulait pendant le grossissement de la bulle. Aujourd'hui on déplore la crise de la dette européenne alors que le "mal profond" de l'Europe de ces dernières années a été un manque de compétitivité masqué par un endettement toujours plus important.

Aujourd'hui il me semble que l'Europe affronte enfin la réalité en face et qu'elle cherche à résoudre ses problèmes structurels alors qu'à l'inverse je vois les problèmes structurels des pays émergents s'accroître à travers une "bulle sociale" qu'il faudra bien regarder en face tôt ou tard.

Les Etats ont toujours émis de la dette, bien avant l'émergence des marchés financiers. Si cet endettement s'est accru au cours des dernières décennies, c'est que notre modèle social et étatique était calibré pour une croissance de type trente glorieuse (5%/an) et que nous avons cru pouvoir le conserver avec une croissance post-choc pétrolier (2 à 3%).